mercredi 23 novembre 2016

Mon corps, mes tatouages.. Mon choix

Hello,

Hier en me perdant sur le net je suis tombée sur cette vidéo :



Je résume pour les plus flemmards ;) il s'agit d'une vidéo expliquant la discrimination envers les personnes qui sont tatouées, notamment lors de l'embauche. Il est dit que bien qu'une personne sur 3 a des tatouages dans notre société (10% des français), les entreprises sont réticentes à embaucher une personne lorsque celle-ci présente des tatouages visibles... Sous prétexte que cette personne peut-être la première qu'un client voit en entrant dans un magasin ou dans une entreprise.
Du coup j'ai eu besoin de vous parler des mes tatouages, ça fait un moment que je souhaite écrire là dessus mais je ne trouvais pas d'angle d'attaque, car je n'ai pas forcément envie de m'étaler sur la signification de chacun d'eux... Mais j'ai été confrontée à ce problème à l'embauche, et aux regards insistants d'inconnus ou de connaissances, et même de personnes de mon entourage.


J'ai toujours été fascinée par cet art qu'est le tatouage, son histoire, son évolution, du tatouage ethnique au tatouage de prison en passant par la "mainstreamisation" de celui-ci.. J'ai d'ailleurs adoré l'exposition Tatoueurs Tatoués au quai Branly l'année dernière.
Je me souviens très bien mon père me dire "si tu te fais tatouer tu ne mets plus les pieds à la maison" quand j'avais aux alentours de 18 ans... Et puis mon frère aîné a sauté le pas (merci !) et finalement il a gardé son droit de logement ! Et bien que mes parents aient râlé au début c'est ensuite devenu banal.
J'ai attendu de gagner mon propre salaire (de stagiaire à l'époque) pour me faire mon premier tatouage, me voyant mal utiliser l'argent que me donnaient papamaman pour ça. J'avais exactement en tête le symbole que je voulais, à quel endroit, et après avoir glané des infos sur le net j'ai contacté mon tatoueur, le feeling est bien passé, il n'était pas trop cher pour moi, un peu roots ... (désolée papa maman !) mais j'avais confiance. C'est donc en avril 2014 que la folie m'a atteinte !

Crédit photo : François Capdeville
On m'a souvent dit qu'une fois qu'on commence on ne s'arrête plus, et j'ai bien peur d'être atteinte de ce virus là ! J'ai continué quelques mois plus tard avec un tatouage à la résonance particulière sur mon avant bras, puis un autre sur l'épaule pour mon anniversaire... un quatrième derrière un coude fait en Thaïlande grâce à mon second frère, un cinquième sur un triceps et un sixième sur l'autre triceps chez une nouvelle tatoueuse à Paris.
Cliquez pour découvrir mes inspirations
Chacun de ces tatouages ont un sens pour moi, leur emplacement aussi, ils ont chacun une histoire. Quatre de mes tatouages ont été fait chez Nicolas Sautel, et le dernière a été fait dans un petit salon au doux nom de Désolée Papa (j'ai trouvé ça prédestiné !) par Eva, une jeune fille pétillante et adorable qui a tout de suite compris mes attentes et qui a encaissé avec patience et bienveillance toutes mes modifications et remarques (un tatouage c'est pour la vie, il doit être parfait !). Toutes mes séances ont été particulières, je les ai fait à des moments bien précis de ma vie, ça m'a fait mal (souvent très mal), ça m'a chatouillée, émue... Je peux d'ailleurs vous donner quelques conseils, ou vous faire partager cette expérience dans un autre article !

J'adore tous mes encrages, ils sont ma personnalité, mon habillage, je suis plutôt une jeune fille classique, peu extravagante, lorsque je porte un pull jamais on ne soupçonnerait ces œuvres sur moi, je porte peu de maquillage, je suis assez sage... Ces tatouages c'est comme mon extériorisation, je ne trouve pas ça vulgaire, trash, punk, non, je trouve ça doux, et une belle manière d'exprimer qui l'on est, même si la plupart des gens ne comprennent pas les sens, je porte mes tatouages fièrement.

J'ai été recalée lors d'un entretien d'embauche pour être hôtesse de caisse dans une très belle enseigne car les manches 3/4 n'auraient pas caché l'un de mes tatouages, j'ai été embauchée dans cette entreprise pour un autre poste par un autre manager qui lui aimait ça et n'y voyait aucun inconvénient, l'un de mes collègues avait même un tatouage sur l’œil... Et pourtant nous étions au devant des clients ! Pour mes autres emplois j'ai toujours caché mes tatouages lors des entretiens, et les premiers jours... Mais parfois j'ai chaud et je découvre mes bras ! Alors les réactions sont mitigées, du simple regard au "oh il est super beau celui là" en passant par le "j'aime pas du tout les tatouages" au détour d'une conversation, comme un petit pic ni vu ni connu... C'est quitte ou double, soit on aime soit on n'aime pas.

Mais je ne demande pas votre avis ! Il n'y a rien de plus désagréable que d'entendre une "c'est dommage..." ou "je ne m'y ferai jamais" même encore des "oh non...." de la part de mon entourage, je ne juge le style de personne et ne fais aucun commentaire sur tel habit ou telle coiffure ! Alors pourquoi s'autoriser le jugement ? Mes propres parents ne disent plus rien (ils ont bien compris que c'était inutile !) et je supporte très bien les regards des inconnus puisque je n'y peux rien. Parfois je suis même surprise et je dis "pourquoi elle n'arrête pas de me regarder ?" et on me répond "ben elle regarde tes bras.." ah oui c'est vrai... Je ne relève plus vraiment, et j'aime le petit effet que ça fait. Ils n'ont jamais gêné Monsieur V même s'il m'a raconté quelques réflexions de ses amis...  Mais Puisque j'assume parfaitement, n'est-ce pas le principal non ? 

Nous sommes dans une société, ou plutôt dans un pays (la France) de jugement, où personne n'est vraiment libre de sortir de la norme, de faire ce qu'il veut dans les limites du légal, de s'habiller, se maquiller comme il l'entend. Il y a toujours des regards accusateurs, pesant, moralisateur  de la bien pensante société carrée et structurée. En France où l'extravagance est vue comme un travers, à Londres elle est vue comme une banalité. J'ai vu, au travers de mes voyages, à quel point notre pays, mon pays, peut être conservateur et briseur de libertés (car oui j'estime que ça passe aussi par le droit de disposer de son corps comme on veut : tatouages, habillage, maternité, avortement...). Il serait temps qu'on évolue un peu ! Et puis il va falloir s'habituer, nous sommes une horde de tatoués à envahir de marché !


Ceci est mon corps. Respectez-le.

2 commentaires:

  1. Hello !
    De bon matin, je n'aurais pas pu être plus d'accord avec un article ! Etant tatouée aussi j'ai vécu le même genre de remarques à base de "c'est dommage" et de "et quand tu seras vieille, tu seras comment ?!" (ben... tatouée...).

    Je suis étudiante et, au départ, je voulais attendre le plus possible pour avoir des tatouages visibles (CDI, un certain âge) et puis finalement... Tant pis. Je n'ai pas envie de travailler avec un employeur qui ne respecte pas mon droit de disposer librement de mon corps ;-)

    En bref : merci pour ton article, qui est très joli et bien écrit :)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci pour ton commentaire :)
      "et quand tu seras vieille"... Je réponds souvent "quand je serai vieille on sera plein de vieux tatoués !"
      C'est dingue ce manque de tolérance envers ce qui est différent, et ce cliché sur tatoué trash, original (dans le mauvais sens)... Il faut que les visions changent !
      J'ai de la chance dans mon milieu ils acceptent l'extravagance, mais si je veux changer et ne plus faire de com' ? Ou dans un autre milieu (le luxe notamment ?) ...
      Laissons faire le temps !

      Supprimer