vendredi 1 juin 2018

Pourquoi demain je marcherai pour les droits LGBTQ+

Hello,

Je me suis longtemps demandée comment formuler cet article, quel ton je voulais lui donner et ce que je voulais en dire. Un processus fastidieux consistant à me demander si j'y intégrais des données personnelles, ou si je faisais un simple état des lieux. La dernière solution me paraissait peu pertinente, je ne suis pas vraiment journaliste, j'ai un peu la flemme d'aller faire des recherches, et puis après tout, généralement ici on parle de mon ressenti et de faits plutôt personnels. 

Aimer c'est fondamental, c'est plus qu'un droit, c'est une liberté
Papa, maman, j'aime aussi les filles. J'aurais pu mettre ça en titre, mais ce n'est plus vraiment un scoop pour quiconque est mon ami et a suivi depuis un an l'affichage public de ce qu'on appelle communément "mon orientation sexuelle". Je n'aime pas être mise dans des cases, mais c'est comme ça, quand tu sors de la norme il faut bien te mettre quelque part. 


Tout a commencé il y a 15 ans, peut-être un peu plus, je le savais, et je l'avais dit déjà à demis mots à une copine de classe, un soir, lors d'une soirée pyjama.. Des mots d'enfants sûrement, qui à l'époque avaient été mal interprétés, quand j'avais lancé à mon amie que "oui j'aime bien les filles aussi", elle a pris peur et décrété qu'elle ne m'inviterait plus à dormir chez elle.. Réaction basique, mais qui à cette époque là est restée ancrée dans ma tête, puisque le lendemain au déjeuner de la cantine on s'était moqué de moi, j'ai enterré ce secret profondément. 

Mes parents sont tolérants, d'un indulgence saine et tout à fait ouverts d'esprit, pourtant, au fil des années je ne me suis jamais confiée là dessus. Le lot de problèmes de la vie a fait que je pouvais bien garder ça pour moi encore un peu. Chemin faisant je suis devenue une adulte pas trop trop mal dans mes pompes, ayant des petits copains, des flirts etc.. Alors que j'enchaînais un certain nombre de divagations sentimentales un ami d'école sup m'avait dit "Cha, t'es lesbienne" en riant, visionnaire.. Mon premier copain n'a jamais eu vent de mon ressenti, mais avec le temps j'ai appris à être honnête et mon second "vrai" copain était au courant que : j'aime les gens et pas le genre. De ce côté là j'avais trouvé une oreille attentive et hors de tout jugement. Bref, petit à petit je me suis ouverte sur le sujet, je suis sortie de ma coquille, j'en parlais avec ma Rousse (mon acolyte, ma binôme qui se reconnaitra) mais sans jamais entrer trop dans les détails, et qui finalement a trouvé ça évident que je lui annonce que j'aimais vraiment les femmes..

J'ai suivi le coming out d'une cousine (que je remercie du fond du coeur de m'avoir précédée haut-la-main et grâce à qui je n'ai jamais eu aucun complexe à en parler par la suite) celui d'un cousin, celui du fils de la meilleure amie de ma mère... Je contemplais les réactions de chacun et chacune en émettant mon avis et glissant ça et là quelques indices qui aurait pu porter à croire que moi aussi, finalement j'étais peut-être "de ce bord-là".


Et puis me voilà à Maurice, libre comme l'air (ou presque) et plus à l'écoute de moi-même que jamais. Un immense fossé sépare la gamine de 10 ans et la femme de 25 ans que je suis devenue. J'ai eu un déclic, véritable, il y a un peu plus d'un an, en parlant à mes amis ici et disant ouvertement que je pouvais aussi regarder les femmes, et que je pourrais en faire une histoire, que j'avais envie de vivre ça et que je ne m'en empêcherais plus, si la vie devait me guider vers le sexe féminin, alors oui, j'ouvrirais les bras. 
Et puis un soir de mai, c'est arrivé, comme une petite gifle, mais une bonne gifle vous voyez ? Celle qui te fait te réveiller, prendre conscience que t'étais pas trop sur la bonne piste mais que maintenant tu t'en approches, celle qui secoue mais qui révèle. Une gifle sous forme de femme. 

Et je ne m'en suis jamais plus cachée.


Alors pourquoi je vous dis tout ça ? Pour être transparente, et puis parce que samedi, demain, il y a la Pride March, la 13e marche des Fiertés de l'île Maurice menée par le Collectif Arc-En-Ciel (seuls deux pays de l'Océan Indien ont leur Pride March : l'Afrique du Sud et Maurice). J'y ai participé l'année dernière, et cette année, je m'y rendrai à nouveau. Non pas pour afficher publiquement mes couleurs mais parce qu'à l'heure actuelle nous (le mouvement LGBTQ+) devons nous battre pour des droits fondamentaux et une reconnaissance de notre égalité, je suis une femme Queer (j'y reviendrai dans un autre article), je devrais avoir le droit de me marier avec quelqu'un de ce pays que je chérie, je devrais avoir le droit de l'afficher publiquement sans avoir peur, et mes amis homosexuels devraient pouvoir être en couple sans risquer la prison, devraient pouvoir se tenir la main dans la rue sans que cela soit source d'agressions. 

Je lis des choses terribles sur le mouvement et des pensées de personnes qui jugent les LGBTQ+, et je suis choquée du manque de tolérance, du manque d'amour, du manque d'humanité de certains. Nous sommes considérés comme des sauvages et des animaux, nous ne devrions pas avoir le droit de marcher pour nos droits comme certains manifestent contre toutes sortes de choses. 
Je me considère comme une personne normale, j'aime les gens sans différenciation de genre, je n'ai pas un neurone plus défaillant que mon voisin hétéro, je ne suis pas malade, nous ne sommes pas malades, nous ne venons pas du diable... 


Et je me battrai demain, l'année prochaine, dans dix ans, à Paris, Port Louis, Toronto, New York, pour que nous soyons reconnus comme humains normaux, méritants les mêmes droits que tout le monde, et si cette marche est festive dans la capitale Française (et moins engagée du coup) ici elle est un symbole fort d'une nation qui a besoin d'évoluer. 


Queer & Proud to be.



2 commentaires:

  1. J'ai participé il y a longtemps à plusieurs gay prides avec mon petit cousin qui a fait son coming out très jeune... Pour l'accompagner et le soutenir. J'y ai entendu des témoignages de personnes qui ont totalement changés ma façon de percevoir les problèmes des homosexuels.
    Je m'explique: J'ai toujours été ok avec la question homosexuelle et le droit de vivre en couple et le mariage..
    Ce dont je me suis rendue compte lors de ces gays prides, c'est que les hétéros avait des dizaines d'années de retard. Qu'en fait ils perçoivent d'abord les questions légales, comme si les homosexuels attendaient l'autorisation avant de vivre les choses.
    Alors qu'en fait, depuis des dizaines d'années maintenant, des couples homosexuels vivent en couple, ONT des enfants, et meurent et ont des problèmes de divorce, de separation et de décès qui sont totalement ignorés par les lois. Des "2e" mamans se trouvent dans des situations terribles, dépossédées, privées de leurs enfants, parce que leur conjointe est décédée... En plus de la discrimination régulière dont les homosexuels font l'objet, ce sont des doubles, voire des triples peines qui s'appliquent en d'accident... Je trouve ça terrible. Et j'invite sincèrement tous les hétéros à participer au moins une fois dans leur vie à une gay prides... pas pour militer, mais au moins pour apprendre, voir et comprendre ce qui s'y passe.
    Emma

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    1. Merci Emma pour ton commentaire, je partage ton point de vue ! Bien sûr que les LGBTQ+ n'attendent pas de changement de lois pour vivre, mais se retrouvent dans des situations parfois terribles. Et il faut que ça change dans certains pays. En France l'évolution se fait, mais quand tu vois les mentalités de pays en voie de dvlpmt ou du tier monde c'est effrayant !
      Et j'y vais pour militer, alors qu'à Paris j'y suis allée pour vivre le moment et l'ambiance plus que pour militer, non pas que nos droit étaient acquis, mais parce que l'évolution était déjà en court !

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